vendredi 29 mai 2009

Arrivé ce matin avec Roger.

Un homme dans la cinquantaine, cheveux assaisonnés, grand de plus de deux têtes que moi. On embarque dans la voiture, un camion de la mairie pour l'entretien du paysage.

En silence, il regarde devant lui, tourne une fois à gauche, une fois à droite et prend le pont, tourne de nouveau à droite et arrive devant l'Aréna*.

- On va s'occuper de laver la piscine municipale aujourd'hui, me dit-il en me souriant. Il pleut comme vache qui pisse comme aurait dit Marcel, ce bon vieux Marcel. Mon regard se tourne en direction de la portière, la pluie coule à pouvoir nourrir bon nombre d'assoiffés.

- Tiens, prends ça, c'est ben résistant, pis pratique aussi. J'acquiesce alors, je prends sa combinaison orange fluo, que diable, je dois avoir l'air d'une lumière de noël ambulante.

Je sors du camion et je mets mon capuchon, il fait de même. Je sens que la journée va être étrange, autant en image qu'un vide de conversation, ah oui, Roger est mal-entendant qu'il m'a dit.

Il s'approche du grillage qui entoure la piscine, regarde à gauche, à droite et fini par se retourner vers moi, il me fait signe de m'approcher. Je m'exécute sur le champ et je rapproche mon oreille pour l'écouter.

- Hans, habituellement, c'est plus calme par temps de pluie, mais fais attention, tu le sais, ils sont voraces cette gang de criss. Prends cette pèle, s'ils te gossent, vas-y ben fort.

Bien entendu, je le sais, ce n'est pas la première fois qu'ils ont affaire à moi, en fait, c'est l'inverse, ce n'est pas la première fois que je vais faire avec eux.

Le cadenas se laisse tomber sur le sol, rebondi, le temps semble ralentir autour de moi, je ne sais pas combien ils seront aujourd'hui, mais l'entretien va être enrichissant. C'est vrai, c'est la première fois que je vais affronter sur un tel terrain.

- Attends moi, on va aller sur le terrain de soccer avant, on viendra s'abriter ici si tout se décriss.
- D'accord, pas de problème, je t'attends devant les buts.


Il ferme la porte du grillage, rentre dans une autre porte dans une bâtisse à sa droite et prend des clés, ainsi qu'une batte de base-ball, Roger n'aime pas les armes à feu, mais il prend un 9mm, au cas où, comme je dis.

Le temps se fait de plus en plus lourd, au fur et à mesure que j'avance au milieu du terrain, Roger arrive, je plante la pelle dans le sol, en attendant que ces ordures arrivent.

Aucun bruit, sauf celui de la pluie, le bruit de l'attente, long et agonisante. Roger sait aussi bien que moi que ce n'est pas le moment de parler, mais tant pis, il déroge à la règle non-écrite.
- Ha ouin, sa fait combien de fois que tu...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que des grognements se font entendre par de là le champ en face de nous, les herbes hautes bougent de temps à autre. Je me retourne alors! Derrière moi se tient la première carcasse, la première charogne, elle est là, car c'est une femme, du moins c'était.

Elle avance, elle s'est déjà pris un coup de flingue dans le bras gauche, à la vue de l'absence de ce dernier, elle fait un bruit rauque, à la manière des acteurs qui la reproduisent dans les films d'horreurs. Une blonde à la robe rouge, elle doit être encore toute nouvelle, sa peau n'est pas totalement décomposée.

Je retire ma pèle du sol et m'approche, son visage - je ne dis pas regard, car elle n'a plus rien d'humain- suit ma pèle, je la lève bien haut, arme mon coup et frappe dans son coup avec le tranchant de la lame.

- ET DE UN! Dis-je, mais Roger était déjà à son cinquième...
Je me dis alors que la pèle, c'est bien cinq secondes, mais sa ne vaut pas mon bokken* que j'ai laissé à la maison, prochain coup, je l'apporte.

Devant moi, un vieil homme dans la cinquantaine armé d'une batte de base-ball, qui est déjà son dixième cadavre, mon dieu, il faut pas que je perde face à lui aujourd'hui...

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Notes au Lecteur que vous-êtes.
*Aréna, patinoire sur glace pour le hockey, en milieu fermé (Plus d'info sur Wikipédia)
* Bokken (木刀) veut littéralement dire Sabre de Bois (Plus d'info sur Wikipédia)


À suivre...